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Karima Kahlaoui : « L’art a un impact sur le bien-être des patients »

Karima Kahlaoui est psychologue et neuropsychologue à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel de Montréal. Elle sera présente lors du grand évènement sur l’art et le cerveau que nous co-organisons avec l’association Art For Science le 15 avril prochain et se livre pour nous sur son métier passionnant.




















En quoi consiste votre métier ?

Karima Kahlaoui: Je suis psychologue et neuropsychologue dans un hôpital de psychiatrie légale à sécurité maximale. Nous accueillons des patients souffrant de troubles mentaux sévères associés à des comportements violents. La majorité d'entre eux ont d'ailleurs reçu un verdict de non responsabililité criminelle pour cause de troubles mentaux. Je réalise des évaluations neuro-psychologiques de ces patients, soit dans un but de diagnostic différentiel quand on ne sait pas de quoi souffre la personne, soit dans un but de fournir des recommandations à l'équipe clinique et pour aider les patients à mieux composer avec leurs difficultés. Une autre partie de mon travail consiste à animer des groupes de thérapie avec les patients, notamment sur le stress et l’anxiété. Il y a toute une équipe clinique qui gravite autour des patients afin de stabiliser leur état mental, diminuer le risque de violence et les aider, à terme, à se réinsérer dans la société.


Peuvent-ils tous guérir de la maladie ?

On ne guérit pas mais certains patients peuvent se rétablir. Les patients qui souffrent de schizophrénie ou de troubles associés ont une maladie chronique et vont prendre un traitement toute leur vie. Mais malgré la présence de la maladie, plusieurs d'entre eux vont pouvoir trouver du travail, avoir une famille, même devenir parents. Je fais le parallèle avec les gens qui ont du diabète et un traitement pour l’insuline. Ils vont prendre des médicaments toute leur vie mais ils peuvent avoir une vie satisfaisante et épanouissante.


Parlez-nous justement de Richard, un ancien patient de l'Institut, devenu votre collègue de travail…

Richard est l’exemple type du patient qui s’est rétabli. Il a eu une enfance et une adolescence difficile et a souffert de la maladie. Il s’est retrouvé à l’Institut pendant plusieurs mois. Un long travail a été fait, il a compris ce qu’était la maladie et l’importance d’y faire face par le biais de la médication mais aussi en ayant un réseau amical et familial, un travail, en prenant soin de sa santé, etc. Richard a même travaillé avec des équipes de recherche et il s’est rétabli. À tel point qu’il a été employé de l’Institut pendant plusieurs mois. Mais Richard sait que le rétablissement n'est pas linéaire. C'est un processus de longue haleine.


Les chiffres montrent qu’une personne sur 5 sera un jour touchée par des problèmes de santé mentale. Donc nous sommes tous concernés…

Oui, on sera tous concerné un jour ou l’autre ou bien une personne de notre entourage. La schizophrénie et les maladies en lien avec des symptômes psychotiques sont des pathologies assez lourdes et sévères. Mais avoir des dépressions ou une anxiété envahissante sont aussi des problèmes de santé mentale qui peuvent nous toucher. D’où l’importance d’en parler pour prévenir et démystifier ces pathologies qui sont encore très tabou.


Est-ce justement cet aspect de prévention qui vous a poussée à travailler avec Art For Science, une association qui promeut les bénéfices de l’art sur le cerveau ?

Oui j’aime beaucoup la philosophie de l’association. On ne peut pas être insensible aux messages qu’elle essaye de véhiculer, surtout dans le domaine de la prévention. On accorde peu d’importance à la prévention alors que c’est ce qui va nous permettre de nous protéger contre les problèmes de santé mentale. On ne va voir le médecin que lorsqu’on est malade, alors qu’il devrait y avoir une médecine préventive pour nous aider à développer de bonnes habitudes de vie. Cela ne veut pas dire que l’on va forcément éviter la maladie, mais on va pouvoir ralentir son apparition et réduire ses effets.


Utilisez-vous régulièrement l’art dans votre métier ?

Oui je travaille beaucoup avec l’écriture et le dessin. On a commencé un projet en 2017 avec les patients et je vois l’impact que l’art a sur leur bien-être. Le dernier projet, que l’on va venir vous présenter lors de la conférence du 15 avril, a été une expérience vraiment incroyable pour les patients, à l’unanimité. Un jeune patient menotté car présentant un danger pour lui-même et pour autrui a été extrêmement motivé à participer à cet atelier pour proposer le nom d’un artiste qu’il rêvait de rencontrer. Ça a été une expérience très positive et enrichissante pour lui et toute l’équipe qui s’est mobilisée pour qu’il puisse assister à cet atelier. On a vu que cela faisait une différence dans son comportement et sur le plan de l'estime de soi. Tous les patients en sont ressortis avec une immense fierté et un sentiment d’accomplissement qu’ils avaient rarement expérimenté. Je suis ravie de pouvoir venir à S-Martin pour vous parler de ce projet.


 

Info et inscriptions à l'évènement du 15 avril :

https://www.helloasso.com/associations/art-for-science/evenements/rencontre-neuro-artiste-afs-promo-3-st-martin-sint-marteen


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