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PORTRAIT. Florence Poirier-Nkpa, reconnaître le travail de l’artiste

Jusqu’au 17 décembre, Florence Poirier-Nkpa présente son travail au Pavillon de l’hôtel La Samanna. Intitulée « Rétrospection », l’exposition retrace le parcours professionnel et l’évolution de l’artiste depuis 2013.




Florence Poirier-Nkpa se souvient très clairement de son premier dessin d’école qui avait impressionné son entourage. « Un âne avec un chapeau et une marguerite qui sort du chapeau », précise-t-elle dans un rire. Un détail qui n’en est pas un puisqu’il raconte l’appétence précoce de Florence pour l’art. « Je suis artiste depuis que je suis née », résume-t-elle. Pourtant, comme beaucoup d’artistes, son chemin vers la professionnalisation n’a pas été si linéaire et évident. Après des études d’arts appliqués et visuels puis les prémices d’une formation en stylisme de mode, Florence Poirier-Nkpa rejoint l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (Paris Saclay) pour devenir enseignante d’art et suivre l’exemple de ses parents. Un débouché qui lui assure alors une stabilité mais malheureusement pas un épanouissement personnel. « Ça me prenait trop d’énergie, ce n’était pas pour moi », résume-t-elle. Tout en continuant ce métier en attendant de trouver sa voie, Florence se prend de passion pour les voyages et part à la découverte d’autres contrées : Cameroun, Guyane puis, en 2006, Saint-Martin.


Elle décide alors de mettre en pause sa carrière d’enseignante et de créer une entreprise de création de bijoux. Au cours des années suivantes, elle tient trois boutiques, au Boo Boo Jam, rue Saint-James et rue du Général de Gaulle à Marigot, où elle vend ses créations ainsi que d’autres bijoux de créateurs. Cependant, elle ne peut pas rivaliser bien longtemps avec les boutiques de bijoux fantaisie qui s’implantent sur le territoire. Pour la jeune femme, c’est le déclic : « quitte à ne pas gagner d’argent, autant être artiste ! », rit-elle. Petit à petit, elle développe son activité artistique, la menant rapidement « de manière professionnelle et structurée ». En 2010, elle créé le collectif HeadMade Factory pour porter des projets artistiques et promouvoir la création contemporaine à Saint-Martin.


UNE ÉVOLUTION EN PLUSIEURS PHASES


Depuis 2013, la pratique artistique de Florence Poirier-Nkpa a connu plusieurs phases, toutes liées par son histoire personnelle et retracées dans l’exposition « Rétrospection » présentée à La Samanna jusqu’au 17 décembre. L’artiste a commencé par le photomontage numérique, à travers une série d’autoportraits qui lui ont permis de questionner les sujets de l’identité et de l’altérité. « J’ai toujours eu cette sensation d’être d’ici, de nulle part, de partout et d’ailleurs », explique-t-elle. Nourrie par ses rencontres à travers le monde, Florence porte une réflexion sur la façon dont « on se créé à l’image de l’autre ». Elle s’est ensuite tournée vers le collage en travaillant sur des photomontages réels composés de multiples couches, comme des facettes de nous que l’on projette sur l’autre et inversement. Pour elle, « l’autre est la projection fantasmée d’un idéal humain ».


En 2018, Florence Poirier-Nkpa rencontre l’artiste nigérian Ade Adesina, qui devient son collègue et mentor. Elle choisit à ce moment-là de travailler la linogravure pour « raconter des histoires ». Dans ses compositions gravées, elle s’inspire d’oeuvres d’autres artistes qu’elle admire et les réinvente en jonglant entre la citation, l’interprétation, l’allusion ou encore le commentaire. Les détails et les symboles peuplent ses gravures sur linoléum qu’elle imprime ensuite sur papier. Ces dernières années, l’artiste est entrée dans une nouvelle phase en développant des installations à partir de ses gravures. Une façon de « créer du lien entre ce qui est vu, ce qui est perçu et ce qui est compris, pour que le spectateur se sente intégré dans le processus de l’oeuvre ».


PROFESSIONNALISER LES ARTISTES


Florence Poirier-Nkpa est artiste professionnelle à temps plein depuis 2015. Sa rigueur et son acharnement lui ont permis d’être soutenue par les institutions françaises et reconnue à l’international. Elle a par exemple intégré deux années de suite la Cité Internationale des Arts de Paris, été sélectionné deux fois pour participer à la Woolwich Contemporary Print Fair de Londres et reçu cette année l’Aide individuelle à la création en arts visuels de la Direction des Affaires Culturelles de Guadeloupe. L’oeuvre « À l’aube » qu’elle a réalisée en collaboration avec Ade Adesina a également fait partie des 120 finalistes du 15ème Arte Laguna Prize de Venise.


À travers HeadMade Factory, Florence Poirier-Nkpa poursuit son envie de créer une dynamique de création professionnelle. Elle vient d’ouvrir à Concordia The Art KclOb, un espace d’exposition et d’accompagnement des artistes professionnels ou en devenir qui a accueilli son premier artiste en résidence, le martiniquais Miguel Marajo, le mois dernier. « Le territoire a besoin de professionnaliser ce métier, pour faire en sorte que l’on soit soutenus et respectés », conclut-elle.


 

RETROSPECTION SOLO SHOW

Nov 17th - Dec 17th

Le Pavillon, La Samanna - Terres Basses

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