Peintre et poète reconnue comme la mère des arts de Saint-Martin, Ruby Bute raconte l’histoire de l’île et transmet sa passion aux visiteurs du monde entier dans son atelier situé à Friar’s Bay.
Article publié en septembre 2021 dans Focus n°0
Au coeur du quartier de Friar’s Bay, dans une propriété qui entoure l’un des plus vieux arbres fromagers de l’île, se trouve l’atelier de celle que l’on surnomme la première dame des arts culturels de Saint-Martin. Tous les jours, Ruby Bute, l’oeil toujours pétillant, s’installe devant son chevalet pour coucher sur la toile ses inspirations.
Née à Aruba en 1943 de parents originaires de Saint-Martin, Ruby Bute est venue s’installer sur la terre de ses parents en 1976. Passionnée par le dessin et la peinture depuis l’âge de 6 ans, ce n'est que quelques années après avoir commencé sa vie professionnelle qu’elle a décidé de s’y consacrer pleinement. « J’ai travaillé pendant 10 ans puis j’ai pris le risque de tout arrêter. En fait, je n'ai jamais imaginé faire autre chose », confie-t-elle, éprise depuis toujours d’une grande liberté. « Je ne voulais pas être coincée dans un travail. Pour moi c’était monotone et ennuyant ». Le 6 mars 1983, ses oeuvres sont exposées pour la première fois à Sint Maarten. Date qui marque ainsi la toute première exposition d’une femme peintre sur l'île. « J’étais une espèce rare », s’amuse-t-elle aujourd'hui. Depuis, l’artiste, dont le travail est reconnu à l’international, expose régulièrement dans toute la Caraïbe mais aussi aux Pays-Bas.
Durant sa carrière, Ruby Bute s’est essayée à de nombreuses techniques : aquarelle, acrylique, huile, pastel, grisaille… Elle les utilise au gré de ses envies pour raconter la culture saint-martinoise. « J’aime la simplicité. Ce que je représente, c’est nous, les Saint-Martinois », précise-t-elle. À travers des tableaux colorés et lumineux, Ruby Bute rend hommage aux femmes, à la nature, à la vie quotidienne et aux traditions locales, symboles d’une grande « fierté culturelle ».
Mais la peinture n’est pas son seul moyen de dépeindre Saint-Martin. Son premier recueil de poèmes, « Golden Voices of S’maatin », a été publié en 1989 par House of Nehesi Publishers. Cet ouvrage qui rend hommage à la longue tradition orale des Caraïbes vient d’être réédité pour la seconde fois. En 1995, il a été suivi par un deuxième recueil intitulé « Floral Bouquets to the Daughters of Eve ».
PARTAGE ET TRANSMISSION
Dans son atelier de Friar’s Bay, il ne se passe pas un jour sans que Ruby Bute sorte ses pinceaux et ses crayons. « Mon travail n’est jamais terminé. Ça me maintient en vie », nous confie la grande dame. Mais ce qui lui donne envie de continuer, c’est aussi la transmission. Depuis 2009, la Silk-Cotton Grove Art Gallery est un lieu de partage et de développement artistique où Ruby Bute accueille petits et grands pour partager son amour de l’art. « Les écoliers viennent souvent me voir. Je les supplie d’être créatifs, surtout en ce moment », ajoute la peintre, qui a été professeure d’art pendant de nombreuses années. En plus du travail de Ruby Bute que l’on peut découvrir de manière permanente dans son atelier-boutique, des expositions d’artistes locaux et des évènements culturels y sont régulièrement organisés. Pour ses oeuvres et son engagement d’une vie en faveur de la culture, la mère des arts de Saint-Martin a reçu un prix de la Collectivité de Saint-Martin en 2004 et a été décorée en 2005 par la reine Beatrix des Pays-Bas en personne.
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